Juste la fin du monde - Jean Luc Lagarce

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Le fils retourne dans sa famille pour l'informer de sa mort prochaine. Ce sont les retrouvailles dans le cercle familial où l'on se dit l'amour que l'on se porte à travers d'éternelles querelles.

 

Pour la première fois je participe Un mot, Un titre d'Aperto libro(http://aperto.libro.over-blog.com/).

Aurore m'a gentiement ramené de son travail tout ce que contenait la bibliothèque de JL Lagarce. Et bien sur au milieu de toute, une de ses pièces les plus connues: Juste la fin du monde.

Je lis et relis JL Lagarce et je ne m'en lasse pas. Je me delecte toujours avec le même plaisir de sa précision, ses monologues, de ses tours et détours linguistiques.

Lors d'un autre billet sur cet auteur j'avais écrit :

"L'écriture est simple et poétique. JL Lagarce fouille encore et encore les mots et les sentiments humains. Il répéte, re-répéte, ré-ajuste, approfondi, nuance, explore, scrute. Va chercher l'émotion au plus profond de son exactitude. Et c'est un délice. A chaque fois il prend une autre porte, toute proche de la précédente, mais différente. Pour arriver là. Juste là, au creux des choses. Au coeur des choses." Tout est là.

 

'Juste la fin du monde' fait étrangement écho à 'J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie tombe'. Les relations familiales se sont construitent autour de l'absence d'un des membres. L'absence devient présence et chacun se construit et se déconstruit autour d'elle.

 

Tour à tour les personnages expriment leurs reproches, espoirs, jalousies et joie face au retour du fils prodigue si longtemps absent. Aucun ne sait la raison du retour de Louis ce qui donne une dimension encore plus tranchante à leur propos. Louis se lance dans de longs monologues sans fin auxquels tout le monde semble porter une oreille distraite. Malgré ses talents d'orateur il est dans l'incapacité de se raconter, de se dire.

 

Ses logorrhées n'en disent finalement pas plus que ses phrases toutes faites gribouiller au dos de cartes postales mal choisies qu'il leur envoie au fil du temps qui passe. Incapable de dire un mot de son affection pour les siens, ni de sa mort prochaine. Rien. On en apprend plus sur Louis par la bouche des différents membres de sa famille qui lui assénent leur vision des choses, leur vision de lui-même tout au long de la pièce. Comme si, au final, ils le connaissaient mieux que lui-même ne se connaît.
C'est comme si, durant son absence, chacun c'était construit son image de lui, son Louis et que sa présence n'y change rien. Dans sa présence perdure son absence puisqu'au final personne ne le laisse parler réellement. Personne ne sait qu'il a quelque chose d'important à dire.

 

Cela donne parfois des envies de crier entre les pages "Mais m**** faîtes un effort, un peu de calme et de silence et ECOUTEZ-LE! Laissez-le parler, s'exprimer! Il va mourir, réveillez-vous!' Mais non.

 

Je n'ai jamais réussi au fil des pages, ni à destester Louis, ni à l'aimer vraiment. Il est au centre de la pièce et pourtant y brille par son absence.

 

 

"Plus tard, l'année d'après– j'allais mourir à mon tour –
j'ai près de trente-quatre ans maintenant et c'est à cet âge que je mourrai,
l'année d'après,
de nombreux mois déjà que j'attendais à ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir,
de nombreux mois que j'attendais d'en avoir fini,
l'année d'après,
comme on ose bouger parfois,
à peine,
devant un danger extrême, imperceptiblement, sans vouloir faire de bruit ou commettre un geste trop violent qui réveillerait l'ennemi et vous détruirait aussitôt,
l'année d'après,
je décidai de retourner les voir, revenir sur mes pas, aller sur mes traces et faire le voyage,
pour annoncer, lentement, avec soin, avec soin et précision
– ce que je crois –
lentement, calmement, d'une manière posée
– et n'ai-je pas toujours été pour les autres et eux, tout précisément, n'ai-je pas toujours été un homme posé ?,
pour annoncer,
dire,
seulement dire,
ma mort prochaine et irrémédiable"

 

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M
Un petit tag t'attends sur mon blog! ;)
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C
Je n'ai jamais lu l'auteur. J'ai le droit d'avoir honte ? :)<br /> <br /> Merci pour ta participation !
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